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Menaces et violences policières contre la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis

Statut: 
Menacés et agressés
À propos de la situation

Depuis le 14 juillet 2018, la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis (Résistance pacifique de la microrégion Ixquisis) et les membres de la communauté qu'ils représentent organisent des manifestations pour s'opposer aux violations des droits humains causées par les activités de l'entreprise hydroélectrique Energía y Renovación SA, anciennement appelée PDH S.A., et pour réclamer la fermeture d'une garnison militaire et d'un poste de police dans les locaux de l'entreprise à Ixquisis. Les policiers basés dans les locaux de l'entreprise auraient menacé des membres de la communauté et employé la force contre les manifestants. Depuis, l'organisation et la communauté sont la cible d'une campagne de diffamation sur les réseaux sociaux, de répression et de menaces proférées par la police nationale et une compagnie de sécurité privée.

À propos des DDH

peaceful_resistance_of_ixquisis_guatemala.pngLa Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis est une organisation formée en réponse aux graves violations des droits humains perpétrées au nom du développement économique au Guatemala contre les membres de la communauté autochtone Ixquisis, située à San Mateo Ixtatan, dans le nord du département de Huehuetenango. Le gouvernement a autorisé des méga-projets miniers et hydroélectriques dans leur région, qui ont entrainé de nombreuses violations de leurs droits. Cela inclut le refus d'une consultation appropriée et le refus de participer (les projets ont rencontré une vive opposition de la part de 12 communautés de la microrégion). Les défenseur-ses des droits humains de la Resistencia Pacífica risquent leur vie pour défendre leur territoire. Rien qu'en 2017, plus de 75 attaques ont été signalées contre des défenseur-ses des droits humains de la Resistencia Pacífica, dont des assassinats, des fusillades, des actes de harcèlement et des campagnes de diffamation. La Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis est l'un des cinq lauréats régionaux du Prix Front Line Defenders pour les défenseur-ses des droits humains en danger en 2018, en hommage à leur lutte dangereuse pour le droit à la terre et la justice environnementale.

26 Juillet 2018
Campagne de diffamation, menaces et violences policières contre la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis

Depuis le 14 juillet 2018, la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis (Résistance pacifique de la microrégion Ixquisis) et les membres de la communauté qu'ils représentent organisent des manifestations pour s'opposer aux violations des droits humains causées par les activités de l'entreprise hydroélectrique Energía y Renovación SA, anciennement appelée PDH S.A., et pour réclamer la fermeture d'une garnison militaire et d'un poste de police dans les locaux de l'entreprise à Ixquisis. Les policiers basés dans les locaux de l'entreprise auraient menacé des membres de la communauté et employé la force contre les manifestants. Depuis, l'organisation et la communauté sont la cible d'une campagne de diffamation sur les réseaux sociaux, de répression et de menaces proférées par la police nationale et une compagnie de sécurité privée.

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Le 14 juillet 2018, des membres de la Resistencia Pacífica se sont rencontrés à Ixquisis pour écrire une lettre adressée aux autorités guatémaltèques, en leur nom et celui d'autres communautés indigènes affectées par les activités de l'entreprise Energía y Renovación SA, anciennement appelée PDH S.A sur leurs terres ancestrales.

Selon la  Resistencia Pacífica, l'entreprise hydroélectrique prévoit de construire trois projets hydroélectriques (sept barrages) dans la région, et elle a déjà détourné les cours de plusieurs rivières dans la zone, affectant gravement les moyens de subsistance des communautés autochtones et restreignant leur accès aux sources d'eau. En outre, en 2014,  Energía y Renovación SA a demandé avec succès à l'administration de l'ancien président Otto Perez Molina le rétablissement d'une garnison militaire qui était installée là pendant la guerre civile. Depuis, la garnison fonctionne comme un poste de la police nationale civile (Policia Nacional Civil - PNC) et un poste militaire au sein des locaux de l'entreprise, et les officiers ont pris part aux menaces proférées contre la communauté locale et à la répression des manifestations par la force.

Le 14 juillet 2018, les représentants de la communauté ont aussi organisé une marche jusqu'au poste de la PNC pour remettre une lettre demandant la fermeture du poste de police et de la garnison militaire, ainsi que la cessation des activités d'Energía y Renovación SA sur leur territoire. Dans la lettre, la communauté donnait deux jours à l'entreprise et à la PNC pour quitter la microrégion. Au moins 400 personnes ont participé à la marche jusqu'au poste de police. Lorsque les manifestants ont rencontré les policiers et les militaires, les officiers ont refusé de prendre la lettre, déclarant qu'ils n'étaient pas autorisés à la prendre. Les leaders communautaires ont lu le document à voix haute, devant la garnison et les manifestants sont rentrés chez eux pacifiquement. Pendant la manifestation, les policiers et les militaires ont pris des photos des manifestants, dont certaines ont été publiées dans des articles taxant la Resistencia Pacífica de groupe armé violent et illégal.

le 15 juillet 2018, la page web d'Actualidad Huehuetenango a publié un article intitulé "Nuevas acciones armadas contra comunitarios en el norte de San Mateo Ixatán" (nouvelles actions armées contre les membres de la communauté du nord de San Mateo Ixatán). Dans l'article, ils accusaient certains manifestants d'Ixquisis d'avoir ouvert le feu et brulé une épicerie après la manifestation, et ils ont publié des photos prises la veille par la police et l'armée. Toutefois, les photos ne prouvent pas les allégations. Par ailleurs, Energía y Renovación SA a publié un communiqué de presse sur sa page Facebook qui reprend le vocabulaire et le style de l'article publié par Actualiad Huehuetenango.

Le 16 juillet 2018, les leaders communautaires ont organisé une autre manifestation pacifique devant le poste de la PNC pour  demander leur respect des revendications de leur lettre. Cependant, les officiers de la PNC et la police anti-émeute ont fermé la route qui conduit au poste au niveau d'un pont et sont restés dans la zone pour bloquer les manifestants. Les manifestants ont quitté les lieux et les leaders communautaires ont décidé d'organiser une nouvelle marche le 18 juillet 2018.

Selon la Resistencia Pacífica, le 18 juillet, 50 personnes de la communauté, regroupées pour organiser la future visite de l'Ombudsman (Procuraduría de Derechos Humanos, PDH) dans la microrégion, ont fait une marche jusqu'au poste de la PNC. Parmi les manifestants il y avait des femmes et des enfants. Lorsque la marche a atteint le pont, de nombreux policiers avaient déjà fermé la route menant au poste. Les leaders communautaires d'Ixquisis ont tenté de dialoguer avec les forces de police, mais ces derniers ont jeté du gaz lacrymogène. De plus, pendant la répression, certains membres de la Resistencia Pacífica ont été personnellement menacés. Un groupe de policiers a crié au leader communautaire Natanael Gomez "Eh toi Natanael, on sait qui tu es, tu vas tomber", tandis que d'autres ont dit à un autre leader, Lucas Jorge, qu'ils allaient lui rendre visite chez lui la nuit. Les policiers ont également menacé les manifestants en faisant référence à leur prix Front Line Defenders, déclarant qu'ils donneraient leur prix à la communauté, tout en les braquant avec des armes.

Le même jour, le 18 juillet, une délégation de la PDH s'est rendue dans la microrégion dans le but d'enquêter sur des plaintes portées par des habitants d'Ixquisis à propos de violations des droits humains et de l'usage de la force par la PNC. Le délégation de la PDH a appelé au respect du droit de la communauté à la libre circulation et à manifester pacifiquement, et a facilité un dialogue entre les membres de la communauté et les agents de la PNC. Ils ont également parlé avec des représentants d'Energía y Renovación SA à propos de la situation.

Outre les menaces et les attaques violentes contre la communauté du 14 au 18 juillet 2018, il y a eu plusieurs attaques sur les réseaux sociaux qui visaient à diffamer les leaders communautaires d'Ixquisis, notamment par le biais de fausses accusations de comportement violent, d'insultes homophobes et de références dénigrant leur prix Front Line Defenders. La Resistencia Pacífica pense que la campagne de diffamation est orchestrée par l'entreprise par le biais de plusieurs médias en ligne ainsi que sur de faux profils sur les réseaux sociaux par des personnes coordonnées par l'entreprise.

Front Line Defenders condamne la violence policière et les menaces proférées contre les membres de la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis et de la communauté qu'ils représentent pendant les manifestations pacifiques dans la microrégion. Par ailleurs, Front Line Defenders est vivement préoccupée par l'usage des réseaux sociaux et des médias grand public pour mener des campagnes de diffamation et insulter la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis, en particulier les leaders Natanael Gómez et Lucas Jorge, ainsi que Rigoberto Juárez, représentant du Gobierno Ancestral Plurinacional. Front Line Defenders craint que de telles attaques et campagnes de diffamation entrainent une hausse des violences contre la Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis et les défenseur-ses des droits humains au Guatemala en général.

Front Line Defenders exhorte les autorités du Guatemala à:

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les violences policières, les menaces, les actes d'intimidation et la campagne de diffamation contre les manifestants pacifiques à Ixquisis et les membres de Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales ;

2. Prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l'intégrité physique et psychologique des membres de Resistencia Pacífica de la Microregión de Ixquisis et des membres de la communauté Ixquisis, en accord avec eux ;

3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, et exercer leur droit de manifester pacifiquement.