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Une menace de répression violente pèse sur la société civile

Statut: 
Temporairement détenue
À propos de la situation

Alors que les défenseur-ses du droit à la terre, des droits des populations autochtones et de l'environnement de tout le pays prennent la direction de Managua pour assister à la 5e manifestation pacifique nationale contre la construction du canal interocéanique, des cas de répression violente ont été signalés contre la société civile visant à l'empêcher d'y participer.

À propos d'Ana Patricia Martínez

Ana Patricia MartinezAna Patricia Martínez est directrice de la Fundación para la Promoción y Desarrollo de las Mujeres y la Niñez - FUNDEMUNI (Fondation pour la promotion et le développement des femmes et de l'enfance "Blanca Araúz")

30 Novembre 2016
Une menace de répression violente pèse sur la société civile

Alors que les défenseur-ses du droit à la terre, des droits des populations autochtones et de l'environnement de tout le pays prennent la direction de Managua pour assister à la 5e manifestation pacifique nationale contre la construction du canal interocéanique, des cas de répression violente ont été signalés contre la société civile visant à l'empêcher d'y participer.

Les organisations de la société civile dénoncent intensivement les déploiements de la police anti-émeute dans plusieurs zones du pays depuis le 27 novembre. À El Tule, Nueva Guinea et dans la région autonome Atlantico Sur (RAAS), où de nombreux petits fermiers et communautés autochtones sont menacés d'être expulsés par la force à cause de la construction du canal, les défenseur-ses des droits humains ont signalé l'usage de gaz lacrymogène et de balles de caoutchouc et de plomb par la police contre les manifestants. Les défenseur-ses ont aussi signalé que les conducteurs de camions qui transportent les manifestants vers la capitale pour la mobilisation sont harcelés. En outre, les défenseur-ses et les leaders sociaux qui voyagent en transport en commun sont fouillés et harcelés par les autorités.

Le 30 novembre 2016; à Nueva Segovia, la défenseuse des droits humains Ana Patricia Martínez, directrice de la Fundación para la Promoción y Desarrollo de las Mujeres y la Niñez - FUNDEMUNI (Fondation pour la promotion et le développement des femmes et de l'enfance "Blanca Araúz") a été détenue pendant trois heures par la police. Les autorités ont également saisi sa voiture qui appartient à l'organisation. Ana Patricia Martínez revenait d'une communauté rurale où elle venait de faire un atelier avec des femmes survivantes de violences faites aux femmes. Lorsqu'elle a demandé les raisons de sa détention, les policiers ont répondu que c'est parce qu'elle aide à transporter des gens afin qu'ils puissent participer à la marche ("andaban jalando gente para la marcha"). Le même jour, le camion de la défenseuse du droit à la terre Francisca Ramírez, coordinatrice générale du Conseil de la terre, des lacs et de la souveraineté, aurait été détruit par la police.

Pendant la dernière mobilisation nationale contre la construction du canal, le 27 octobre 2016, la police a bloqué l'accès aux points de rencontre où devaient se retrouver les défenseur-ses des droits humains, les leaders sociaux, les petits paysans et les communautés autochtones. La police a violemment réprimé les manifestants à plusieurs reprises. Par exemple, à proximité de l'aéroport, des groupes qui se rendaient aux points de rencontre ont été attaqués par la police anti-émeute, qui a aussi tiré des coups de feu en l'air.

La mobilisation de la société civile contre le projet de canal et le résultat des élections présidentielles coïncident avec la visite du secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), M. Luis Almagro. La visite de M. Almagro est le résultat d'un accord entre l'OEA et le gouvernement du Nicaragua, visant à organiser un dialogue d'importance sur la situation de la démocratie au Nicaragua et, en particulier, les élections présidentielles qui ont eu lieu le 6 novembre dernier, lors desquelles le président sortant a remporté un 3e mandat. Le secrétaire général rencontre aujourd'hui des représentants du secteur privé et devrait rencontrer le président Daniel Ortega demain, le 1er décembre.

Front Line Defenders est préoccupée par l'usage de la violence et les actes contre les défenseur-ses des droits humains et les manifestants, et appelle le gouvernement du Nicaragua à pleinement respecter ses obligations et autoriser l'exercice de la liberté de rassemblement pacifique et d'expression. Front Line Defenders appelle aussi les autorités à enquêter sur les cas de harcèlement, d'intimidation et de détention arbitraire contre les défenseur-ses des droits humains et les manifestants qui souhaitent rejoindre la manifestation.