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Surveillance et actes d'intimidation policier contre Claudia Julieta Duque

Statut: 
Intimidation & Surveillance
À propos de la situation

Le 20 septembre 2016, la journaliste et défenseuse des droits humains Mme Claudia Julieta Duque a été informée que son domicile est placé sous surveillance, et qu'il est filmé et photographié par un groupe de policiers qui ne l'ont pas avertie de leurs intentions. Depuis de nombreuses années, la défenseuse et sa fille sont exposées à des menaces graves à cause de son travail et elles bénéficient de mesures de précaution (MC 339-09) de la Commission interaméricaine des droits humains. Ces mesures sont supposées être mises en place par l'unité nationale de protection du gouvernement colombien en accord avec la défenseuse.

À propos de Claudia Julieta Duque

Claudia Julieta DuqueClaudia Julieta Duque est journaliste d'investigation et travaille comme correspondante pour Radio Nizkor, un projet d'information numérique de l'ONG de défense des droits humains Equipo Nizkor. Elle était membre de la Federación Colombiana de Periodistas – Fecolper (Fédération colombienne des journalistes) et ancienne chercheuse du collectif d'avocats José Alvear Restrepo (CCAJAR). Elle fait également partie du conseil d'administration de l'Unión de Periodistas de Bogotá – UPB (syndicat des journalistes de Bogotá), et membre honoraire de National Union of Journalists of the United Kingdom and Ireland (Syndicat national des journalistes du Royaume-Uni et d'Irlande), et de l'International Federation of Journalists -IFJ (Fédération internationale des journalistes).

27 Septembre 2016
Surveillance et actes d'intimidation contre la journaliste Claudia Julieta Duque

Le 20 septembre 2016, la journaliste et défenseuse des droits humains Mme Claudia Julieta Duque a été informée que son domicile est placé sous surveillance, et qu'il est filmé et photographié par un groupe de policiers qui ne l'ont pas avertie de leurs intentions. Depuis de nombreuses années, la défenseuse et sa fille sont exposées à des menaces graves à cause de son travail et elles bénéficient de mesures de précaution (MC 339-09) de la Commission interaméricaine des droits humains. Ces mesures sont supposées être mises en place par l'unité nationale de protection du gouvernement colombien en accord avec la défenseuse.

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Claudia Julieta Duque a remporté un prix de journaliste d'investigation et elle est correspondante pour Radio Nizkor en Colombie. Tout au long de sa carrière, elle a enquêté sur de nombreuses affaires médiatisées et a entre autres reçu le prix de Reporters sans frontières- Suède, le prix Courage in journalism et le prix Ilaria Alpi.

À cause de son travail pour la responsabilité, la défenseuse des droits humains est victime d'intimidation, de harcèlement, de menaces, de torture et de surveillance depuis 2001. A ce moment-là, Claudia Julieta Duque a commencé à enquêter sur le meurtre d'un confrère journaliste, M. Jaime Garzón, et a découvert l'implication d'agents du Département administratif de sécurité (DAS) aujourd'hui démantelé. En mars 2016 s'est ouvert le procès de trois officiers haut-gradés du DAS accusés de l'avoir torturée psychologiquement; il s'agit d'une affaire clé contre l'impunité en Colombie.

Dans la matinée du 20 septembre 2016, Claudia Julieta Duque a remarqué un camion de police, une moto de police et cinq policiers stationnés devant son domicile. Les officiers prenaient des photos et filmaient la façade du bâtiment, l'entrée, la réception et les boites aux lettres à l'intérieur. Elle a ensuite appris qu'ils avaient aussi photographié le registre du bâtiment.

Lorsque Claudia Julieta Duque a demandé aux officiers quelles étaient leurs motivations, ils lui ont dit qu'ils étaient là pour les mesures de précaution prises en sa faveur, ce qui a surpris la défenseuse. En septembre 2015, Claudia Julieta Duque et les autorités compétentes se sont mises d'accord afin que (1) son adresse ne soit révélée qu'aux officiers qui en auraient besoin pour surveiller son domicile dans le cadre des mesures de précaution et que sinon son adresse resterait confidentielle; (2) que les officiers en question lui seraient présentés avant toute mission; (3) les officiers ne prendraient aucune photo et n'enregistreraient aucune vidéo de son lieu de résidence et de son adresse.

La défenseuse a été contrainte de se plaindre plusieurs fois en 2016 car le protocole relatif aux mesures de précaution n'était pas respecté.

En juillet et août, la défenseuse a été suivie et surveillée par des hommes et une femme inconnus. À une occasion, Claudia Julieta Duque se trouvait avec des membres de la "caravane de juristes" qui lui rendait visite. La journaliste a des photos et les numéros d'immatriculation des motos et des personnes impliquées dans cette surveillance.

En août 2016, la Fédération colombienne des journalistes (Fecolper) a rencontré la chef de la police en charge des droits humains à Bogotá, la Colonel Sandra Mora. Elle a accepté de contacter la défenseuse et de réactiver les mesures de précaution acceptées par les deux parties; elle a indiqué que cela serait précédé d'une rencontre avec Claudia Julieta Duque et que la directrice des droits humains de la police nationale serait présente. Cette réunion n'a jamais eu lieu et la police semble participer à des activités devant son domicile, ce qui est contraire à l'accord.

  

Front Line Defenders est profondément préoccupée par le fait que les mesures de précaution accordées à Claudia Julieta Duque et sa fille ne soient pas appliquées conformément à l'accord passé avec la défenseuse et sa fille. Les actions unilatérales de la police ont conduit à une violation de sa vie privée, ce qui renforce le sentiment d'insécurité et les expose à de possibles nuisances. Front Line Defenders est également très préoccupée par l'absence de coopération, de respect et d'empathie des autorités lorsqu'elles traitent les demandes de la défenseuse afin de garantir sa sécurité et celle de sa fille, notamment compte tenu des précédents échecs des autorités colombiennes pour respecter les obligations de protection.

Front Line Defenders souligne également le fait que si l'État a l'obligation de mettre en place les mesures de précaution, il ne peut décider seul de la manière de les appliquer et qu'il doit consulter la défenseuse à tout moment et vérifier que les mesures contribuent bien à sa sécurité et à son bien-être, ce qui n'est pas le cas des dernières mesures. Front Line Defenders pense que les actes de surveillance contre la défenseuse et sa fille ont un lien direct avec sa lutte contre l'impunité.

Front Line Defenders exhorte les autorités colombiennes à:

1. Cesser immédiatement toute forme de surveillance ou de harcèlement contre Claudia Julieta Duque et sa fille, car il semble que cela soit dû à son travail légitime en faveur des droits humains et cela constitue aussi une transgression directe des droits de la défenseuse;
2. Mener immédiatement une enquête impartiale et minutieuse sur les irrégularités constatées dans les actions de la police au domicile de Claudia Julieta Duque, et les conclusions doivent être transmises à la défenseuse ou à sa fille;
3.Prendre toutes les mesures nécessaires, en accord avec la défenseuse, afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de Claudia Julieta Duque et sa fille, notamment en honorant l'accord déjà passé concernant la transmission d'informations liées à la défenseuse;
4.Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Colombie puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.