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Ariel Díaz et trois autres DDH agressés par la police

Statut: 
Agressé
À propos de la situation

Le 8 septembre 2017, les défenseur-ses des droits humains Hedme Castro, Ariel Díaz, Carlos del Cid et Tommy Morales ont été agressés par des policiers et arbitrairement placés en détention alors qu'ils apportaient leur soutien à des étudiants détenus à l'Universidad Nacional Autónoma de Honduras – UNAH, à Tegucigalpa.

À propos d'Ariel Díaz

ariel_diaz.jpegAriel Díaz est coordinateur général de Juventud por la Defensa de los Derechos Humanos (La jeunesse pour la défense des droits humains) et membre du Centro para la Cooperación y Desarollo LGBTI – SOMOS CDC (centre our la coopération et le développement LGBTI). Le mouvement de la jeunesse est une organisation qui œuvre pour sensibiliser le public à la Déclaration universelle des droits de l'Homme et à son application au Honduras. SOMOS CDC promeut les droits des personnes LGBTI dans le pays, en développant les programmes de coopération qui comprennent des aspects tels que la santé sexuelle, la participation civile et les droits de la population LGBTI.

13 Septembre 2017
Ariel Díaz et trois autres DDH agressés par la police

Le 8 septembre 2017, les défenseur-ses des droits humains Hedme Castro, Ariel Díaz, Carlos del Cid et Tommy Morales ont été agressés par des policiers et arbitrairement placés en détention alors qu'ils apportaient leur soutien à des étudiants détenus à l'Universidad Nacional Autónoma de Honduras – UNAH à Tegucigalpa.

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Hedme Castro est coordinatrice générale de l'Asociación para una Ciudadanía Participativa - ACI Participa (association pour une citoyenneté participative). Ariel Díaz est coordinateur général de Juventud por la Defensa de los Derechos Humanos (La jeunesse pour la défense des droits humains). Carlos del Cid est membre de l'Observatorio Ecuménico Internacional de Derechos Humanos (Observatoire œcuménique  internacional des droits humains). Tommy Morales est journaliste et membre de l'Asociación por la Democracia y los Derechos Humanos – ASOPODEUH (Association pour la démocratie et les droits humains).

Le 8 septembre 2017 vers 17h, la police a été déployée pour appliquer un ordre d'expulsion à l'UNAH, où un groupe d'étudiants occupait pacifiquement plusieurs bâtiments. Plus de 500 policiers ont bloqué l'accès au campus universitaire. Plusieurs organisations et défenseur-ses des droits humains se sont rendus à l'UNAH pour tenter de servir de médiateurs pour gérer la situation et en signe de solidarité avec les étudiants. Après avoir négocié avec les autorités, Hedme Castro, Ariel Díaz et un étudiant ont été autorisés à entrer dans l'université dans un minibus, accompagnés de membres de la Comisionado Nacional de los Derechos Humanos – CONADEH (Commission nationale des droits humains) afin de suivre la situation.

Carlos del Cid et Tommy Morales, qui se trouvaient déjà dans l'université, ont rejoint Hedme Castro, Ariel Díaz, et les membres de CONADEH. Alors que le groupe s'apprêtait à sortir de l'université, ils ont tenté d'aider un groupe de sept étudiants que la police avait enfermé dans un bâtiment et qui étaient privés d'eau et de nourriture depuis plusieurs heures. Après une tentative infructueuse des défenseur-ses des droits humains pour négocier la libération des étudiants, ces derniers ont décidé de sauter par la fenêtre et sont entrés dans le minibus. La police a alors encerclé le minibus et a empêché les passagers de partir; vers 15h, la police a ouvert les fenêtres du véhicule de force et projeté du gaz au poivre à l'intérieur. Les passagers ont alors été tirés hors du minibus, frappés, et la police a de nouveau projeté du gaz au poivre directement sur leur visage. Les membres de la CONADEH ont ensuite été escortés à l'écart. Les défenseur-ses des droits humains et huit étudiants ont été conduits au poste de police de la Colonie Kennedy, avant d'être remis en liberté. Hedme Castro a été libérée sans charge, tandis qu'Ariel Díaz, Carlos del Cid et Tommy Morales ont été accusés de "dissimulation" et "agression contre les forces de sécurité". Les huit étudiants sont accusés d'"occupation illégale". Les défenseurs des droits humains et étudiants accusés devront comparaitre devant un juge le 21 septembre.

Depuis 2014, l'UNAH a adopté plusieurs changements dans son règlement intérieur, entrainant un important mouvement de protestation au sein des étudiants contre les restrictions du droit à l'éducation. Le gouvernement et la direction de l'université ont répondu à ces mouvements par la violence, notamment par l'usage excessif de la force, les détentions arbitraires, la criminalisation et les campagnes de diffamation contre les étudiants et ceux qui les soutiennent.

Ce n'est pas la première fois que Front Line Defenders parle du contexte violent dans lequel les défenseur-ses des droits humains étudiants opèrent. Le 23 juin 2017, Roberto Antonio Gómez a été assassiné. Il était le père de l'étudiant et défenseur des droits humains Andy Johan Gómez Jerónimo, et dans les semaines précédant sa mort, il dénonçait activement la répression des étudiants de l'UNAH par les forces de sécurité de l'État.

Le 20 juillet 2016, après une vague de protestation, de criminalisation des étudiants et de répression policière, le Haut commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU (HCDH) a négocié un accord, par lequel les autorités acceptent de mettre fin aux procédures pénales contre les étudiants, mais les autorités n'ont pas respecté l'accord. Le HCDH au Honduras a publié une déclaration soulignant "ses sérieuses préoccupations concernant l'inculpation prononcée pour intrusion sur une propriété privée, compte tenu que (...) l'usage de ce crime dans le contexte de la criminalisation des manifestations pose de graves problèmes vis-à-vis des normes internationales en matière de droits humains".

Le Honduras est considéré comme l'un des pays les plus hostiles et dangereux au monde pour les défenseur-ses des droits humains.  Selon un communiqué de presse du rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits humains, Michel Forst, et du Rapporteur interaméricain sur les défenseurs des droits humains, José de Jesús Orozco Henríquez, le gouvernement du Honduras "doit immédiatement adopter et faire appliquer des mesures efficaces pour protéger les défenseur-ses des droits humains, afin qu'ils puissent accomplir leur travail, sans peur ni menaces de violence ou de meurtre".  Front Line Defenders a signalé qu'au moins 33 défenseur-ses des droits humains ont été tués en 2016. Lors d'une visite officielle dans le pays le 28 juillet 2017, l'assistant du Secrétaire général en charge des droits humains, Andrew Gilmour, a souligné "le besoin primordial d'accentuer la protection des défenseur-ses des droits humains au Honduras".

Front Line Defenders condamne la détention illégale, l'agression et la criminalisation des défenseur-ses des droits humains Hedme Castro, Ariel Díaz, Carlos del Cid et Tommy Morales, ainsi que des autres étudiants au Honduras, car il semble que ces actions contre eux soient uniquement liées à leurs actions en faveur des droits humains.

Front Line Defenders exhorte les autorités honduriennes à:

1. Abandonner immédiatement toutes les charges portées contre Ariel Díaz, Carlos del Cid et Tommy Morales et contre les étudiants de l'université du Honduras, car il semble que cela soit uniquement lié à leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains;

2. Mener immédiatement une enquête minutieuse et impartiale sur l'agression d'Hedme Castro, Ariel Díaz, Carlos del Cid, Tommy Morales et des étudiants, dans le but de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice conformément aux normes internationales;

3. Prendre les mesures nécessaires pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité d'Hedme Castro, Ariel Díaz, Carlos del Cid et Tommy Morales, ainsi que des autres étudiants de l'université au Honduras;

4. S'abstenir d'utiliser le système judiciaire pour intimider, harceler et discréditer les défenseur-ses des droits humains;

5. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Honduras puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.