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Une journaliste et défenseuse des droits humains censurée par la cour

Statut: 
Censurée par la cour
À propos de la situation

Le 25 juillet 2019, le second juge criminel spécial de Bogotá a interdit à la journaliste et défenseuse des droits humains Claudia Julieta Duque de parler, de donner des interviews, d'informer, de donner son avis et de publier des photos dans le cadre des procédures judiciaires ouvertes contre l'ex directeur adjoint du Département administratif de sécurité (DAS), Emiro Rojas Granados, qui est accusé de torture psychologique à son encontre.

À propos de Claudia Julieta Duque

Claudia Julieta DuqueClaudia Julieta Duque est défenseuse des droits humains et journaliste d'investigation; elle est correspondante pour Radio Nizkor en Colombie. Durant sa carrière de journaliste, elle a enquêté sur de nombreuses affaires médiatisées, y compris des cas de disparitions forcées, de recrutement forcé d'enfants par des groupes armés légaux et illégaux, l'impact de l'impunité et le droit à la justice, ainsi que l'infiltration des agences gouvernementales par des groupes paramilitaires.

31 Juillet 2019
Une journaliste et défenseuse des droits humains censurée par la cour

Le 25 juillet 2019, le second juge criminel spécial de Bogotá a interdit à la journaliste et défenseuse des droits humains Claudia Julieta Duque de parler, de donner des interviews, d'informer, de donner son avis et de publier des photos dans le cadre des procédures judiciaires ouvertes contre l'ex directeur adjoint du Département administratif de sécurité (DAS), Emiro Rojas Granados, qui est accusé de torture psychologique à son encontre.

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Claudia Julieta Duque est défenseuse des droits et journaliste d'investigation; elle est correspondante pour Radio Nizkor en Colombie. Durant sa carrière de journaliste, elle a enquêté sur de nombreuses affaires médiatisées, y compris des cas de disparitions forcées, de recrutement forcé d'enfants par des groupes armés légaux et illégaux, l'impact de l'impunité et le droit à la justice, ainsi que l'infiltration des agences gouvernementales par des groupes paramilitaires.

Le 25 juillet 2019, le second juge criminel spécial de Bogotá a accepté la demande de l'ex directeur adjoint du DAS et a ordonné à Claudia Julieta Duque de ne plus faire de commentaires et de déclarations à propos de l'affaire. La prochaine audience a été fixée au 9 octobre 2019. L'ONG colombienne Fundacion para la Libertad de Prensa – FLIP estime que la décision du juge de limiter le droit à la libre expression s'apparente à de la censure.

En 2001, Claudia Julieta Duque a enquêté sur le meurtre du journaliste et comédien Jaime Garzón en 1999. Grâce à ses recherches et à sa persévérance, les autorités ont ouvert une enquête sur l'ex directeur adjoint du DAS, Emiro Rojas Granados, et d'autres membres du DAS en 2004. Depuis, elle est régulièrement victime d'actes d'intimidation, de menaces de mort, de surveillance, de campagnes de diffamation, de stigmatisation et elle a été enlevée en 2001, avant que le procès n'ait lieu. Les actes d'intimidation et de harcèlement contre elle et sa famille se sont intensifiés en mars 2013, lorsque l'affaire ouverte contre les représentants du DAS pour torture psychologique a été rendue publique. Depuis 2009, Front Line Defenders a documenté des attaques continues et une forme de torture psychologique contre Claudia Julieta Duque et sa famille, notamment sa fille.

En novembre 2016, un procureur de la division Analyse et Contexte a ordonné l'arrestation d'Emiro Rojas Granados et de l'ancien inspecteur des renseignements du DAS, Nestor Pachón Bermudez. Ils ont tous les deux été arrêtés et accusés de torture psychologique contre Claudia Julieta Duque. En 2007, ils ont été accusés de crimes contre l'humanité. Le procès s'est ouvert le 24 avril 2019 après plusieurs reports.

Les autres accusés de l'affaire sont José Miguel Narváez Martínez, ancien directeur adjoint et ex conseiller du DAS accusé du meurtre de Jaime Garzón ; Enrique Ariza Rivas, ex chef des renseignements du DAS ; Giancarlo Auque De Silvestri, ex chef des renseignements (qui a fuit le pays) ; Rodolfo Medina Alemán ancien chef du contre-renseignement du DAS (qui a également fuit le pays) ;  William Merchán et Ronal Rivera, des anciens enquêteurs.

L'affaire est emblématique de la lutte contre l'impunité en Colombie. Par ailleurs, l'affaire de Julieta Duque est la première dans laquelle le système éducatif a réussi à identifier les coupables présumés du crime de torture psychologique.

Claudia Julieta Duque bénéficie de mesures de protection accordées par la Commission interaméricaine des droits humains depuis novembre 2009. Au fil des années, le gouvernement a parfois accordé une protection à elle et à sa famille, notamment l'usage d'une voiture blindée. Cependant, cela s'est avéré insuffisant pour garantir la protection à elle et aux membres de sa famille, et elle a été contrainte de quitter le pays temporairement.

Front Line Defenders est préoccupée par la tentative de censure du droit à la libre expression de la journaliste et défenseuse dans le contexte de son procès. Le droit d'informer et d'être informé devrait être protégé et respecté, en particulier au vu de l'importance potentielle de cette affaire dans la lutte contre l'impunité et la recherche de la vérité et de la justice dans le pays.