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Des DDH appelés à témoigner dans une affaire de diffamation intentée contre Richard Mariani

Statut: 
Accusé de diffamation
À propos de la situation

Le 3 avril 2019, les défenseur-ses des droits humains qui en 2018 avaient co-signé une lettre appelant à la démission de Miguel Zuluaga, ancien chef de la sécurité de l'équipe nationale de football uruguayenne, ont été appelés à témoigner devant le parquet général (Fiscalía General de la Nación) à Montevideo, dans une affaire contre le défenseur des droits humains Richard Mariani. Richard Mariani est accusé de diffamation par Miguel Zuluaga.

À propos de Richard Mariani

Richard MarianiRichard Mariani est joueur de football et défenseur des droits humains. Il est président de la Comisión Directiva de Rebeldía Organizada (commission de la rébellion organisée), une association de la société civile qui promeut les droits humains et la solidarité, qui lutte contre l'impunité des coupables des crimes contre l'humanité perpétrés pendant la dictature uruguayenne. Richard Mariani est reconnu pour son travail en faveur des droits humains depuis 2015, et il œuvre pour la promotion des droits des femmes et des enfants, l'accès à la justice et l'exercice des droits culturels en Uruguay.

2 Avril 2019
Des DDH appelés à témoigner dans une affaire de diffamation intentée contre Richard Mariani

Le 3 avril 2019, les défenseur-ses des droits humains qui en 2018 avaient co-signé une lettre appelant à la démission de Miguel Zuluaga, ancien chef de la sécurité de l'équipe nationale de football uruguayenne, ont été appelés à témoigner devant le parquet général (Fiscalía General de la Nación) à Montevideo, dans une affaire contre le défenseur des droits humains Richard Mariani. Richard Mariani est accusé de diffamation par Miguel Zuluaga.

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Richard Mariani est joueur de football et défenseur des droits humains. Il est président de la Comisión Directiva de Rebeldía Organizada (commission de la rébellion organisée), une association de la société civile qui promeut les droits humains et la solidarité, qui lutte contre l'impunité des coupables des crimes contre l'humanité perpétrés pendant la dictature uruguayenne. Richard Mariani est reconnu pour son travail en faveur des droits humains depuis 2015, et il œuvre pour la promotion des droits des femmes et des enfants, l'accès à la justice et l'exercice des droits culturels en Uruguay.

En avril 2018, Rebeldía Organizada a présenté une lettre ouverte aux autorités de l'Asociación Uruguaya de Fútbol, AUF, dans laquelle elle dénonce l'ex chef de la sécurité de l'équipe nationale, en poste à ce moment-là, Miguel Zuluaga, affirmant qu'il est responsable de violations des droits humains perpétrées pendant la dictature. Miguel Zuluaga était sous-commissaire du département 4 de la Dirección Nacional de Inteligencia de la Policía de Uruguay, de 1976 à 1982. Cet organisme était connu pour employer systématiquement la torture contre les dissidents politiques pendant la dictature, qui a duré de 1973 à 1985. Selon les déclarations des victimes, Miguel Zuluaga signait les rapports policiers des interrogatoires de prisonniers politiques qui étaient victimes de torture, et il était présent pendant les raids de la police et les séances de torture.

La lettre susmentionnée a été co-signée par plus de 30 organisations de défense des droits humains et plus de 50 personnes, et visait à entrainer une "condamnation sociale" et le renvoi de Miguel Zuluaga de son poste au sein de l'équipe nationale de football. Dans le même temps, les organisations ont lancé la campagne "Hagámosle un gol a la impunidad : Fuera Zuluaga de la selección" (Marquons un but contre l'impunité : sortez Zuluaga de la sélection), pour attirer l'attention du public sur la question de l'impunité. Richard Mariani était porte-parole de la campagne. En mai 2018, le renvoi de Miguel Zuluaga de l'UAF a été annoncé.

Le 9 novembre 2018, Richard Mariani a été appelé devant le 4e parquet (Fiscalía Penal de 4to Turno) pour témoigner dans l'affaire relative à une plainte pour diffamation et atteinte à la réputation portée contre lui par Miguel Zuluaga. Le plaignant souhaite que Richard Mariani retire publiquement ses déclarations à propos de la responsabilité de Miguel Zuluaga pour les violations des droits humains perpétrées pendant la dictature.

Plusieurs défenseur-ses des droits humains qui ont co-signé la lettre ont été appelés à témoigner dans cette affaire contre Richard Mariani le 3 avril 2019, notamment le Grupo de Madres y Familiares de Uruguayos Detenidos Desaparecidos. Ce groupe de la société civile est à la tête d'un appel afin que le pays et la communauté internationale s'engagent dans une lutte contre la criminalisation de Richard Mariani et de tous les défenseur-ses qui soutiennent les victimes d'exactions. Une mobilisation sociale était prévue devant le parquet le 3 avril 2019.

Ce n'est pas la première fois que Front Line Defenders fait part de ses préoccupations concernant le climat d'impunité et l'absence d'un environnement sûr pour les défenseur-ses des droits humains dont le travail se concentre sur les atrocités perpétrées pendant la dictature. Une tendance à l'intimidation et aux menaces de mort contre ces militants est en train d'émerger. En 2016, des inconnus ont volé des informations et des preuves au Grupo de Investigación en Antropología Forense de la Universidad de la República (Groupe d'enquête en 'anthropologie et médecine légale de l'université de la république). Le groupe d'anthropologues a également reçu des menaces de mort. En janvier 2017, 13 personnes ont été menacées de mort par le commando General Pedro Barneix, dont un représentant de l'État, deux agents de la justice et dix défenseur-ses des droits humains qui travaillent sur des affaires liées aux atrocités de masse commises pendant la dictature. En octobre 2017, des inconnus ont fait au moins deux tentatives pour accéder au Bataillon 13 et au groupe n°1 d'artillerie antiaérienne, les zones où sont menées les excavations des restes des victimes de disparitions forcées. Front Line Defenders craint que ces incidents n'aient pas fait l'objet d'une enquête minutieuse ni été sanctionnés par les autorités uruguayenne.

Front Line Defenders est préoccupée par les tentatives visant à faire taire et intimider les DDH qui travaillent pour le droit à la vérité et à la justice, pour obtenir des réparations et pour que les faits ne se reproduisent pas en Uruguay. Front Line Defenders est particulièrement préoccupée par les tentatives visant à criminaliser Richard Mariani et toute organisation qui soutient les victimes de violations des droits humains. Front Line Defenders craint que ce processus de criminalisation devienne un précédent qui paralyse les défenseur-ses des droits humains qui dénoncent les graves atteintes des droits humains perpétrées par des responsables publics, ainsi que par la possibilité que d'autre poursuites pénales soient intentées contre les organisations et les défenseur-ses des droits humains qui ont co-signé la lettre et mené une campagne publique en faveur de la condamnation sociale de Miguel Zuluaga.