Back to top

Harcèlement des défenseurs des droits humains Charles Newbury et Pedro Hernández

Statut: 
Harcelé
À propos de la situation

Les 25 et 27 septembre, les défenseurs des droits humains Pedro Hernández et Charles Newbury ont été respectivement alertés par des personnes liées aux institutions de l'État de Yaracuy, qu'ils couraient un risque imminent d'arrestation arbitraire, après avoir apporté leur soutien et participé à des manifestations ayant lieu dans l'État.

À propos de Pedro Hernández,

Pedro HernandezPedro Hernández est défenseur des droits humains et cofondateur du Centre des droits humains de l'Université de Yacambú. Il est également coordinateur du Movimiento Vinotinto à Yaracuy. Il représente le Movimiento Vinotinto lors de réunions avec des institutions publiques, des syndicats, des organisations non gouvernementales et d'autres institutions publiques et privées. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les deux défenseurs jouent un rôle actif en surveillant et en documentant les manifestations de masse à Yaracuy, en exigeant l'accès aux services publics et au carburant, alors que la situation humanitaire s'aggrave au Venezuela.

9 Octobre 2020
Harcèlement des défenseurs des droits humains Charles Newbury et Pedro Hernández

Les 25 et 27 septembre, les défenseurs des droits humains Pedro Hernández et Charles Newbury ont été respectivement alertés par des personnes liées aux institutions de l'État de Yaracuy, qu'ils couraient un risque imminent d'arrestation arbitraire, après avoir apporté leur soutien et participé à des manifestations ayant lieu dans l'État.

Download the Urgent Appeal

Pedro Hernández est défenseur des droits humains et cofondateur du Centre des droits humains de l'Université de Yacambú. Il est également coordinateur du Movimiento Vinotinto à Yaracuy. Il représente le Movimiento Vinotinto lors de réunions avec des institutions publiques, des syndicats, des organisations non gouvernementales et d'autres institutions publiques et privées. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les deux défenseurs jouent un rôle actif en surveillant et en documentant les manifestations de masse à Yaracuy, en exigeant l'accès aux services publics et au carburant, alors que la situation humanitaire s'aggrave au Venezuela. Charles Newbury est avocat, défenseur des droits humains et coordinateur régional de Movimiento Vinotinto dans l'État de Yaracuy. Il représente le Movimiento Vintinto lors d'événements publics et fournit des conseils juridiques et une assistance aux victimes de violations des droits humains à Yaracuy.

Le 23 septembre 2020, le défenseur Pedro Hernández, agissant au titre d'observateur de manifestation, a documenté l'évolution d'une manifestation dans la municipalité de Bolívar à Yaracuy. Plus tard dans la journée, il a représenté le Comité des manifestants civils lors d'une réunion avec des fonctionnaires de la Garde nationale bolivarienne (GNB), de la police régionale et des représentants du bureau du maire de Bolívar. Au cours de la réunion, le défenseur des droits humains a partagé les préoccupations des manifestants et a dénoncé le manque d’accès au carburant et à d’autres services de base.

Le 25 septembre 2020, des personnes liées aux institutions de l'État de Yaracuy ont alerté Pedro Hernández sur le fait que certains fonctionnaires du bureau du maire et des organes de sécurité de l'État avaient mentionné son nom de manière menaçante. Pour sa propre sécurité, le défenseur a trouvé refuge dans un lieu sûr et il s'abstient de participer à toute manifestation.

Le 26 septembre 2020, Charles Newbury a suivi les manifestations qui se déroulaient dans la municipalité d'Independencia, à Yaracuy. Le même jour, dans l'après-midi, il a reçu un message d'une connaissance qui l'informait que son nom figurait sur une liste d'adversaires du gouvernement établie par les autorités municipales. Le 27 septembre 2020, le défenseur s'est réfugié dans une autre résidence craignant un éventuel harcèlement policier ou une détention arbitraire, dont il a déjà été victime dans le passé.

Pedro Hernández et Charles Newbury ont tous deux déjà été ciblés à cause de leur travail en faveur des droits humains. Le 4 mai 2020, des membres armés et masqués des Forces d’actions spéciales de la police nationale bolivarienne (FAES) sont entrés dans la résidence de Pedro Hernandez dans le cadre d'une enquête pour vente illégale d’essence. Les membres des FAES ont fouillé son domicile, ont pris des photos et sont partis. Le défenseur, qui pense que les FAES ont perquisitionné son domicile pour surveiller son activité et vérifier sa localisation, s'est retiré des réseaux sociaux pendant plusieurs jours par crainte pour sa sécurité. Des rapports d'Human Rights Watch et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme relient des membres du FAES à de nombreuses exécutions extrajudiciaires et disparitions dans le pays.

Le 7 novembre 2019, après avoir accompagné une manifestation pacifique d'enseignants qui demandaient une rencontre avec les autorités, Charles Newbury et des membres de la Coalición Magisterial Sindical ont été surveillés chez eux par des membres du Service national des renseignements SEBIN, qui ont observé leurs activités en se tenant devant leur domicile pendant plusieurs heures. Le 9 mars 2019, un officier de la Garde nationale bolivarienne aurait chargé son arme et l'aurait pointée sur Charles Newbury, après avoir remarqué qu'il filmait l'arrestation d'un groupe de jeunes qui venaient participer à une manifestation lors de la première panne d'électricité nationale. Les officiers de la GNB avaient quitté les lieux et laissé les manifestants libres après l'intervention de plusieurs habitants du quartier.

Le 8 juin 2016, Pedro Hernández a été arbitrairement arrêté chez lui par des membres de la Garde nationale bolivarienne peu de temps après avoir publié un tweet sur les pillages qui avaient lieu à Aroa, Yaracuy. Après être entrés dans la maison du défenseur, les responsables de la GNB ont violemment arrêté Hernández et ont agressé physiquement ses proches. Le 10 juin 2016, il a été accusé par la Cour de contrôle du ministère public d'avoir "insulté un fonctionnaire" dans ce tweet. Le juge a imposé des mesures non privatives de liberté, obligeant le défenseur des droits humains à se présenter devant la Cour tous les 15 jours et à s'abstenir de participer à toute autre manifestation. Ces mesures sont toujours en vigueur lors de la rédaction de cet appel.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par le bien-être physique et psychologique des défenseurs des droits humains Charles Newbury et Pedro Hernández, qui risquent de subir une arrestation arbitraire imminente. Front Line Defenders a déjà fait part de ses inquiétudes concernant la campagne de détentions arbitraires lors des récentes manifestations nationales, ainsi que le contexte de persécution, de stigmatisation et de criminalisation des défenseur-ses des droits humains, en particulier des avocats au Venezuela. Front Line Defenders réitère sa profonde inquiétude face au fait que certains en position d'autorité intimident les défenseur-ses afin de limiter délibérément leur espace de travail.