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Meurtre d'Eugenio López y López

Statut: 
Tué
À propos de la situation

Le 23 juin 2017, le défenseur des droits humains Eugenio López y López a été tué alors qu'il participait à une manifestation d'anciens travailleurs du domaine de San Gregorio Piedra Parada, à Coatepeque, département de Quetzaltenango au Guatemala.

À propos d'Eugenio López y López

eugenio_lopez_y_lopez.jpegEugenio López y López était membre du mouvement des anciens travailleurs du domaine de San Gregorio Piedra Parada. Le mouvement été créé en 2008 lorsqu'il est apparu que le domaine n'avait pas payé les charges sociales obligatoires de ses 260 employés. Depuis sa création, le mouvement lutte pour que justice soit rendue aux travailleurs qui ont passé plus de 30 ans à travailler dans le domaine et dont les droits ont été bafoués.

30 Juin 2017
Meurtre d'Eugenio López y López

Le 23 juin 2017, le défenseur des droits humains Eugenio López y López a été tué alors qu'il participait à une manifestation d'anciens travailleurs du domaine de San Gregorio Piedra Parada, à Coatepeque, département de Quetzaltenango au Guatemala.

Le 23 juin 2017, vers 6h, environ 25 anciens travailleurs du domaine de San Gregorio Piedra Parada et leurs proches se sont rassemblés sur la route menant au village de Pacaya, afin de manifester pacifiquement pour leurs droits. Un homme non identifié venu du domaine, qui avait le visage en partie couvert, a tiré quatre coups de feu contre les manifestants. Eugenio López y López a été tué sur le coup, tandis qu'Israel Méndez Vásquez et Berta López Escobar ont été grièvement blessées. Depuis l'incident, un groupe de 200 supporters, anciens employés et proches, se rassemblent devant le domaine pour réclamer justice pour ce meurtre Les défenseur-ses des droits humains et organisations au Guatemala pensent que l'agresseur est un membre de la sécurité privée du domaine.

Le domaine de San Gregorio Piedra Parada appartient actuellement à la famille Quintanal Paiz, l'une des familles les plus riches du pays dont les activités tournent autour de la production de canne à sucre, d'éthanol, d'électricité, de biens immobiliers et du secteur bancaire, et qui investit au Costa Rica et en République Dominicaine. Pendant 30 ans le domaine de San Gregorio Piedra Parada a escroqué 260 travailleurs en déduisant leurs cotisations sociales mensuelles sans les reverser à l'Institut guatémaltèque de sécurité sociale (IGSS). Lorsque les travailleurs, âgés de 70 à 95 ans, ont tenté de prendre leur retraite, ils ont réalisé que leurs cotisations n'avaient pas été transférées et que par conséquent, il ne pourraient recevoir leur pension sociale.

Depuis neuf ans, le mouvement des anciens travailleurs fait appel à plusieurs institutions gouvernementales, dont le ministère du Travail, pour que leur demande soit satisfaite. En raison de l'absence de réponse de la part des institutions de l'État et du domaine, qui refuse toute négociation, les anciens travailleurs ont décidé d'organiser des manifestations devant l'entrée de la propriété. Les autorités ont réagi par la violence et ont tenté de les criminaliser. Environ 19 défenseur-ses des droits humains sont actuellement accusés, notamment d'intrusion sur une propriété privée et d'incitation à commettre un crime, et des mandats d'arrêt ont été lancé contre quatre d'entre eux: Elmar Danilo Pérez Escobar, Digna Dalila Mérida Escobar, Ricardo Alberto Pérez Castillo et Francisco Vásquez Oxlaj.

Cet acharnement judiciaire s'inscrit dans le cadre d'une tendance bien ancrée de criminalisation des défenseur-ses de la terre, de l'environnement et des droits des populations autochtones au Guatemala. Dans son rapport 2016 sur la criminalisation des défenseur-ses des droits humains, la Commission interaméricaine des droits humains a déclaré qu'il est commun que des mandats d'arrêts soient lancés contre les défenseur-ses et seulement exécutés à des moments cruciaux qui s'avèrent néfastes pour leur lutte.

Front Line Defenders a déjà dénoncé des cas de violations contre des défenseur-ses des populations autochtones et du droit à la terre au Guatemala, comme Aura Lolita Chávez, Carlos Maaz Coc, Abelino Chub Caal, et Angélica Choc.

Front Line Defenders condamne le meurtre d'Eugenio López y López, ainsi que la criminalisation des anciens travailleurs du domaine de San Gregorio Piedra Parada, car il semble que ces actes aient été perpétrés contre eux uniquement à cause de leurs actions pour défendre le droit du travail.

Front Line Defenders exhorte les autorités du Guatemala à:

1. Condamner fermement le meurtre d'Eugenio López y López;

2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur le meurtre d'Eugenio López y López dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

3. Abandonner toutes les charges portées contre les anciens employés du domaine de San Gregorio Piedra Parada, car Front Line Defenders pense qu'ils sont criminalisés uniquement à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur du droit du travail;

4. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de tous les membres du mouvement des anciens travailleurs du domaine de San Gregorio Piedra Parada;

5. S'abstenir d'utiliser le système judiciaire pour intimider, harceler et discréditer les défenseur-ses des droits humains;

6. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.