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Menaces de mort contre le défenseur de l'environnement Miguel Guimaraes et d'autres leaders autochtones à Ucayali

Statut: 
Menacés de mort
À propos de la situation

Le 14 octobre 2020, le défenseur de l'environnement Miguel Guimaraes a reçu une menace de mort via un message WhatsApp. Le message menaçant est arrivé une semaine seulement après que Miguel Guimaraes a participé à une audience publique virtuelle avec la Commission interaméricaine des droits Humains (CIDH), qui portait sur les meurtres de défenseur-ses autochtones et la corruption.

À propos de la Federación de Comunidades Nativas del Ucayali y Afluentes (FECONAU)

feconau.jpegMiguel Guimaraes est défenseur de l'environnement de la communauté Flor de Ucayali et président de la Federación de Comunidades Nativas del Ucayali y Afluentes (FECONAU), l'une des plus anciennes fédérations autochtones de l'Amazonie péruvienne, qui représente les organisations autochtones de plus de 30 communautés indigènes. La Fédération plaide pour la reconnaissance des droits des communautés autochtones et la préservation de leurs terres ancestrales. La FECONAU est au premier plan de la lutte pour les droits des populations autochtones dans l'Amazonie péruvienne, en particulier dans l'affaire de Santa Clara de Uchunya.

22 Octobre 2020
Menaces de mort contre le défenseur de l'environnement Miguel Guimaraes et d'autres leaders autochtones à Ucayali

Le 14 octobre 2020, le défenseur de l'environnement Miguel Guimaraes a reçu une menace de mort via un message WhatsApp. Le message menaçant est arrivé une semaine seulement après que Miguel Guimaraes a participé à une audience publique virtuelle avec la Commission interaméricaine des droits Humains (CIDH), qui portait sur les meurtres de défenseur-ses autochtones et la corruption.

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Miguel Guimaraes est un leader autochtone Shipibo et défenseur de l'environnement de la communauté Flor de Ucayali ; il est actuellement président de la Federación de Comunidades Nativas del Ucayali y Afluentes (FECONAU), l'une des plus anciennes fédérations autochtones de l'Amazonie péruvienne, qui est composée de plus de 30 communautés indigènes. La Fédération plaide pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones, l’autodétermination et la protection de leurs territoires ancestraux. La FECONAU est au premier plan de la lutte pour les droits des populations autochtones dans l'Amazonie péruvienne, en particulier dans l'affaire emblématique de Santa Clara de Uchunya. Depuis 2013, la communauté résiste à l'invasion et à la déforestation de ses terres ancestrales par les entreprises d'huile de palme et les trafiquants de terres, car l'État est incapable de lui fournir l'intégralité du titre de propriété de leur territoire, et à cause des difficultés rencontrées par les peuples autochtones pour accéder à la justice et à obtenir réparations par le biais des mécanismes d'État du Pérou.

Le 14 octobre 2020, Miguel Guimaraes reçoit une menace de mort de la part d'inconnus sur WhatsApp. Le message menaçant comprenait l'image d'une personne démembrée accompagnée de la phrase "Nous venons pour toi quoi qu'il en coûte, bâtard."

Le 6 octobre 2020, des défenseur-ses des communautés autochtones et de la FECONAU ont fourni des témoignages lors de l'audience de la CIDH, dénonçant les liens entre la corruption de l'État et les attaques et assassinats de défenseur-ses amazoniens. Les quatre communautés autochtones de l'Amazonie péruvienne représentées lors de l'audience ont dénoncé les assassinats de 11 défenseur-ses autochtones depuis 2013, tués pour avoir défendu leur territoire. Les organisations autochtones participantes ont souligné une longue histoire d'impunité structurelle et de corruption, facilitant la perpétuation du crime organisé dans les territoires autochtones et entraînant des violations systémiques des droits humains contre les communautés indigènes et leurs leaders, avec l'assentiment et la complicité de l'État. Les dirigeants autochtones participant à l'événement ont reçu des menaces écrites dans les jours précédant et suivant l'audience de la CIDH.

La menace de mort reçue par Guimaraes n’est que la dernière d'une série de menaces et d'attaques contre des membres de la FECONAU, et fait malheureusement partie d'une tendance continue et croissante. Front Line Defenders a déjà signalé de telles menaces contre ses membres. Selon la FECONAU, les menaces actuelles viennent en représailles contre plusieurs actions de plaidoyer et de défense du territoire par la Fédération contre l'expansion de l'agro-industrie, le trafic de terres, l'exploitation forestière illégale et la production de narcotiques dans plusieurs communautés appartenant à la Fédération. De même, ce n'est pas la première fois que Miguel Guimaraes est menacé. En 2018, alors qu'il occupait un poste de secrétaire dans la communauté Flor de Ucayali, Miguel Guimaraes a reçu des menaces de mort proférées par des individus non identifiés potentiellement liés au trafic de drogue dans la région.

La violence a coûté la vie à au moins une demi-douzaine de dirigeants autochtones et de défenseur-ses du droit à la terre depuis que le Pérou a décrété un confinement à la mi-mars 2020 en raison du COVID-19. Cela inclut, par exemple, la torture et le meurtre en mai 2020 de Gonzalo Pío Flores, qui avait auparavant déclaré avoir reçu des menaces de mort. Le père de Gonzalo, Mauro Pio, a été tué en toute impunité en 2013. L'accaparement des terres, l'expansion agressive de l'exploitation forestière et la culture illicite de la coca pour le trafic de drogue ont considérablement augmenté depuis mars, affectant les territoires des peuples autochtones et entraînant des risques toujours croissants pour les défenseur-ses du droit à la terre, des droits des populations autochtones et de l'environnement. En août et septembre 2020, la FECONAU a documenté et dénoncé publiquement la déforestation et l'expansion de la production illicite de coca dans la communauté natale de Miguel Guimaraes, Flor de Ucayali, appelant les autorités péruviennes à agir. Malgré l’intervention d’un procureur environnemental d’Ucayali et les efforts de plaidoyer de la FECONAU, l’État n’a pas réussi à apporter une réponse adéquate à cette situation dangereuse, mettant la communauté et ses dirigeants en danger.

En outre, la pandémie n'a fait qu'exacerber la tendance existante. Le 11 décembre 2017, le défenseur des droits humains Carlos Hoyos Soria et d'autres membres de la communauté de Santa Clara de Uchunya, de la FECONAU et de l'Institut de défense juridique ont été abattus alors qu'ils surveillaient une zone déboisée sur le territoire de la communauté. L'un des assaillants a été identifié comme étant membre de l'équipe de sécurité de la société d'huile de palme à l'origine de la déforestation. Le 5 janvier 2018, deux individus armés ont interrogé et menacé la belle-fille d'un ancien dirigeant de la communauté de Santa Clara de Uchunya, chez lui, déclarant qu'ils cherchaient à tuer des dirigeants et des membres de la communauté. Quelques mois plus tard, en juillet 2018, Carlos Hoyos Soria a de nouveau été attaqué par trois assaillants inconnus qui ont ouvert le feu contre lui et son frère. En juin 2020, Saul Martinez Guimaraes, président du comité de suivi territorial de la communauté Flor de Ucayali, a reçu des menaces de mort après avoir confisqué du bois à des exploitants illégaux.

Les membres de la FECONAU effectuent un travail essentiel en patrouillant et surveillant leurs territoires en permanence sans soutien gouvernemental adéquat. Malgré les dénonciations, les demandes de garanties de sécurité personnelle et l'adoption en 2019 d'un protocole pour la protection des défenseur-ses des droits humains, le gouvernement péruvien n'a pas réussi à fournir une protection efficace aux défenseur-ses autochtones. Au contraire, comme l'ont déjà souligné des groupes locaux et internationaux, les économies illégales - le trafic de terres, l'exploitation forestière illégale, l'expansion de l'agro-industrie sans le consentement des communautés et la production de stupéfiants - seraient souvent exploitées en collusion avec les représentants de l'État péruvien, y compris de hauts fonctionnaires.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par les menaces continues dirigées contre les membres de la FECONAU et les défenseur-ses de l'Amazonie péruvienne en général ; elle est particulièrement préoccupée par la sécurité et la sûreté du défenseur de l'environnement Miguel Guimaraes.