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Inquiétudes concernant la criminalisation et la stigmatisation des défenseur⸱ses des droits humains du collectif La Esperanza de Sitilpech

Statut: 
Acharnement judiciaire
À propos de la situation

Le 3 mars 2023, le collectif « La Esperanza de Sitilpech » a été informé par le parquet général d’Izamal, dans la région du Yucatán au Mexique, qu’une plainte a été déposée contre huit défenseurs des droits humains et membres de la communauté maya, qui ont protesté contre le fonctionnement d’une exploitation porcine sur leur territoire. Ils sont accusés d’« obstruction des routes par une bande ». De plus, le 23 mars 2023, quatre autres membres du collectif ont été arrêtés arbitrairement au cours d’une manifestation pacifique, et l’on craint que d’autres mandats d’arrêt soient émis dans les prochains jours.

À propos du Collectif La Esperanza de Sitilpech

« La Esperanza de Sitilpech » est un collectif maya de la région de Sitilpech, dans l’État du Yucatán, au Mexique. Depuis 2021, ils dénoncent les impacts négatifs sur leur territoire de la mégaferme Kancabchén II. Kancabchén II est une ferme usine porcine composée d’environ 48 000 porcs et installée en 2013 à 1 km du territoire de la communauté. Bien que la mégaferme soit installée depuis longtemps sur le territoire, la communauté de Sitilpech n’a entamé sa mobilisation qu’après que l’industrialisation des opérations a commencé à avoir un impact négatif sur leur mode de vie ; la communauté a alors formé le collectif « La Esperanza de Sitilpech ». La communauté affirme que la ferme a été installée à son insu et sans son consentement préalable et, en particulier, que son exploitation a entraîné des impacts négatifs, notamment la contamination de l’eau potable, l’émission d’odeurs nauséabondes et l’apparition d’urticaire sur la peau des résidents de la communauté.

30 Mars 2023
Inquiétudes concernant la criminalisation et la stigmatisation des défenseur⸱ses des droits humains du collectif La Esperanza de Sitilpech

Le 3 mars 2023, le collectif « La Esperanza de Sitilpech » a été informé par le parquet général d’Izamal, dans la région du Yucatán au Mexique, qu’une plainte a été déposée contre huit défenseurs des droits humains et membres de la communauté maya, qui ont protesté contre le fonctionnement d’une exploitation porcine sur leur territoire. Ils sont accusés d’« obstruction des routes par une bande ». De plus, le 23 mars 2023, quatre autres membres du collectif ont été arrêtés arbitrairement au cours d’une manifestation pacifique, et l’on craint que d’autres mandats d’arrêt soient émis dans les prochains jours.

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« La Esperanza de Sitilpech » est un collectif maya de la région de Sitilpech, dans l’État du Yucatán, au Mexique. Depuis 2021, ils dénoncent les impacts négatifs sur leur territoire de la mégaferme Kancabchén II. Kancabchén II est une ferme usine porcine composée d’environ 48 000 porcs et installée en 2013 à 1 km du territoire de la communauté. Bien que la mégaferme soit installée depuis longtemps sur le territoire, la communauté de Sitilpech n’a entamé sa mobilisation qu’après que l’industrialisation des opérations a commencé à avoir un impact négatif sur leur mode de vie ; la communauté a alors formé le collectif « La Esperanza de Sitilpech ». La communauté affirme que la ferme a été installée à son insu et sans son consentement préalable et, en particulier, que son exploitation a entraîné des impacts négatifs, notamment la contamination de l’eau potable, l’émission d’odeurs nauséabondes et l’apparition d’urticaire sur la peau des résidents de la communauté.

Le 25 mai 2021, « La Esperanza de Sitilpech » a intenté une action constitutionnelle contre l’exploitation de la mégaferme Kancabchén II, alléguant des violations de leur droit à vivre dans un environnement sain et de leur droit à la santé, à la terre, à la consultation et au consentement libre, préalable et éclairé, à la participation et à l’autodétermination. Lors de la procédure judiciaire, les opérations de la ferme avaient initialement été suspendues après que la branche du Yucatán de la Commission nationale de l’eau (Organismo de Cuenca Peninsula de Yucatán de la CONAGUA) a constaté une pollution de l’eau. Le rapport concluait que « la ferme n’avait pas de titre de concession pour le chargement et le déchargement de l’eau. De plus, elle dépassait les limites permises pour les coliformes fécaux, les graisses et les huiles. » Toutefois, la ferme a rouvert le 10 février 2023 suite à la décision finale d’un juge fédéral qui a rejeté l’action constitutionnelle, alléguant un vice de procédure et soulignant que l’action en justice aurait dû être lancée au moment de l’ouverture de la mégaferme.

La réouverture de la mégaferme a poussé la communauté à protester le 10 février 2023, bloquant l’entrée des camions qui transportaient environ 500 porcs, vers la mégaferme Kancabchén II. Le collectif « La Esperanza de Sitilpech » avait alors installé un camp à l’entrée de la mégaferme qui a été violemment dispersé par la police le 18 février 2023. Une centaine de policiers antiémeute de l’État du Yucatán et de la police municipale d’Izamal ont pris d’assaut le camp, occupé principalement par des femmes et des enfants. Selon certaines sources, la police a battu des gens, endommagé des motos, démantelé le camp et pris des objets tels que des chaises, des tables, des ustensiles et des tentes. La police a également saisi leurs téléphones portables pour les empêcher de documenter l’incident. Après ces événements, le collectif « La Esperanza de Sitilpech », soutenu par l’association de la société civile « Kanan », a déposé une autre action constitutionnelle contre ce harcèlement policier. Cette action a conduit un juge à prononcer la suspension de toute intervention policière contre la communauté Sitilpech à titre de mesure conservatoire.

Front Line Defenders condamne les attaques contre « La Esperanza de Sitilpech » et se dit préoccupée par le fait que ces événements aient conduit à la stigmatisation des membres du collectif et de l’association de la société civile Kanan, que les médias locaux qualifient de « violents » et composés de « faux écologistes » et d’« ivrognes ». De même, les médias locaux ont répandu de fausses accusations1 concernant l’enlèvement présumé d’ouvriers de la ferme par des membres du collectif, ce que le collectif « La Esperanza de Sitilpech » a démenti plus tard dans une déclaration publique.

Front Line Defenders a reçu des informations préoccupantes selon lesquelles les membres de « La Esperanza de Sitilpech » sont constamment harcelés par la police locale, qui surveille régulièrement leurs maisons, les suit, établit des points de contrôle dans la zone et demande des informations personnelles à chaque habitant. En outre, cette situation divise la communauté, entre le collectif « La Esperanza de Sitilpech » et d’autres membres de la communauté qui travaillent pour la mégaferme et qui contribuent à la stigmatisation du collectif en diffusant de fausses accusations contre eux sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, le propriétaire de la mégaferme renforce ce discours contre le collectif, en accordant des avantages à quiconque soutient la présence de la ferme sur le territoire.

Front Line Defenders fait part de sa préoccupation face aux agressions et au harcèlement des membres du collectif « La Esperanza de Sitilpech », car il semble que tout cela soit lié à leurs activités légitimes en faveur des droits humains et de l’environnement. Front Line Defenders réitère son inquiétude concernant le climat d’impunité et le manque de protection des défenseur⸱ses des droits humains au Mexique, ainsi que l’impact négatif que la criminalisation et la stigmatisation des manifestants a sur les droits de la communauté maya au Mexique.

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