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Chea Mony cité à comparaitre, attaqué et menacé de mort

Statut: 
Victime d'acharnement judiciaire, d'attaques et de menaces
À propos de la situation

Le 10 janvier 2018, le tribunal municipal de Phnom Penh a cité le défenseur des droits humains Chea Mony à comparaitre devant la cour le 22 janvier 2018.

À propos du DDH

chea_mony_credit_phnom_penh_post.jpgChea Mony est l'ancien président du Free Trade Union of Workers of the Kingdom of Cambodia - FTUWKC (syndicat libre des travailleurs du Cambodge), et membre de Watch Council of Cambodia. Il est le frère de Chea Vichea, fondateur du FTUWKC, assassiné le 22 janvier 2004; il semble que les raisons de cet assassinat soient politiques. Le travail du défenseur Chea Mony inclut la promotion des droits économiques et sociaux, ainsi que la liberté d’association et d'expression. Le FTUWKC est un syndicat national qui a joué un rôle important pour l'obtention du salaire minimum au Cambodge; il promeut et protège le droit de jouir de moyens de subsistance et de conditions de vie adaptées, par le biais de la création d'emplois et l'assurance de conditions de travail décentes et dignes.

16 Janvier 2018
Chea Mony cité à comparaitre, attaqué et menacé de mort

Le 10 janvier 2018, le tribunal municipal de Phnom Penh a cité le défenseur des droits humains Chea Mony à comparaitre devant la cour le 22 janvier 2018.

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Le 5 janvier 2018, le tribunal municipal de Phnom Penh a cité Chea Mony à comparaître pour un interrogatoire. Le 18 décembre 2017, les avocats de 120 syndicats et fédérations différents ont porté plainte contre lui pour incitation en vertu de l'article 495 du Code pénal cambodgien. Cette plainte a été portée en réponse à des commentaires de Chea Mony lors d'une interview à la radio, lors de laquelle il appelait l'Union européenne à cesser d'importer des vêtements fabriqués au Cambodge pour protester contre la dissolution du Cambodia National Rescue Party, le principal parti d'opposition au Cambodge. Les avocats ont réclamé 1 million de dollars de dédommagement.

Le 18 décembre 2017 vers 22h, le jour où l'affaire à été ouverte contre Chea Mony, un groupe d'inconnus s'est introduit chez le défenseur et l'a enlevé. Il s'est échappé mais a été poursuivi sur une longue distance avant de parvenir à semer ses agresseurs. Chea Mony a également indiqué que des représentants du Ministère de l'Intérieur et du tribunal l'avaient averti qu'il subirait le même sort que son frère s'il ne quittait pas le Cambodge. De nombreux membres des syndicats du côté des plaignants sont aussi de hauts dignitaires du gouvernement, et l'un d'eux a indiqué qu'il avait l'intention de porter plainte contre les anciens responsables du Cambodia National Rescue Party, aujourd'hui interdit, ce qui laisse penser que ces affaires ont des motifs politiques.

L'accusation d'"incitation" est devenue un fourre-tout pour les autorités ou quiconque soutenant les autorités pour traduire quelqu'un en justice. En vertu du nouveau Code pénal, l'incitation est vaguement définie dans l'article 495, comme le fait de provoquer directement la commission d'un crime ou d'un acte qui provoque "de graves troubles dans la société", par le biais de discours, écrits, dessins ou communications audio-visuelles, rendus publics, et partagés avec, ou présentés ou destinés au public. Il n'est pas nécessaire que l'incitation présumée soit prouvée pour que des sanctions soient prises, notamment des peines de prison allant de six mois à cinq ans et des amendes.

Front Line Defenders est préoccupée par les poursuites intentées contre Chea Mony, qui semblent être lancées en représailles à sa position en faveur de la démocratie et à son travail pacifique en faveur des droits humains au Cambodge.

Front Line Defenders exhorte les autorités cambodgiennes à:

1. Rejeter l'affaire intentée contre Chea Mony;

2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur l'agression et les menaces de mort proférées contre Chea Mony dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

3. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de Chea Mony;

4. Cesser immédiatement de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Cambodge et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.