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Antécédents de l'affaire: Gloria Ushigua

Statut: 
Menacée
À propos de la situation

Depuis un mois, la défenseuse du droit à la terre autochtone Mme Gloria Ushigua est la cible de harcèlement de plus en plus grave à cause de son travail légitime et pacifique en faveur du droit à la terre et de l'environnement.

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À propos de Gloria Ushigua

Gloria Ushigua Gloria Ushigua est coordinatrice de l'organisation de femmes Sápara Ashiñwaka; qui défend les terres ancestrales et l'environnement du peuple Sápara dans la province de Pastaza. Depuis 2010, la défenseuse est engagée dans la défense de sa communauté à Llachama Cocha, en premier lieu contre les entreprises privées ou publiques qui cherchent à exploiter le pétrole sur le territoire Sápara À cause de cela, elle a été menacée, intimidée, harcelée judiciairement, discréditée à la télévision nationale par des fonctionnaires et agressée par des agents des forces de l'ordre avec d'autres membres de sa famille.

2 Juin 2016
Aggravation des actes d'intimidation et de harcèlement contre la défenseuse des droits humains du peuple Sápara Mme Gloria Ushigua et sa famille

Depuis un mois, la défenseuse du droit à la terre autochtone Mme Gloria Ushigua est la cible de harcèlement de plus en plus grave à cause de son travail légitime et pacifique en faveur du droit à la terre et de l'environnement. Le 31 mai 2016, cinq hommes se sont assis devant la maison de Gloria Ushigua pendant toute la nuit, un geste qui apparait comme un acte visant à intimider la défenseuse. Cela fait suite à un autre acte d'intimidation perpétré contre sa nièce le 26 mai 2016, et au meurtre de sa belle sœur, Anacleta Dahua Cují, le 2 mai 2016.

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Le niveau d'intimidation contre Gloria Ushigua a augmenté au cours du dernier mois, entrainant notamment une tentative d'assassinat qui, en raison d'une erreur d'identification, a conduit au meurtre de sa belle sœur Anacleta Dahua Cují. Anacleta Dahua Cují a été brutalement tuée par quatre hommes alors qu'elle travaillait sur les terres dans sa communauté de Llachama Cocha, où Gloria Ushigua vit aussi. En raison de traces de lutte et des blessures sur le corps d'Anacleta Dahua Cují, ses proches sont convaincus qu'elle a été violée avant d'être tuée. Après cela, le 26 mai 2016, quatre hommes ont encerclé la nièce de Gloria Ushigua, Casiela Grefa, l'ont physiquement maitrisée et l'ont interrogée à propos des activités de sa tante et de l'endroit où elle se trouve.

Ce n'est pas la première fois que la défenseuse est victime de harcèlement. Le 19 août 2015, trois policiers sont entrés dans la maison de Gloria Ushigua dans la ville de Puyo. Ils l'ont attaquée avec un taser et l'ont violemment passée à tabac. La police a également utilisé du gaz lacrymogène dans la maison et Gloria et toutes les personnes présentes, dont ses enfants, ont failli être asphyxiés. Le bureau et les biens de la défenseuse, y compris son fax et son ordinateur de bureau, ont été détruits pendant la perquisition.

En décembre 2013, la chaine de télévision publique a diffusé un programme qui discréditait Gloria Ushigua et les autres défenseur-ses des droits humains autochtones. Cette campagne de diffamation a été menée peu après une manifestation organisée par les populations autochtones, dont Gloria Ushigua, le 28 novembre 2013, devant le ministère des hydrocarbures pour protester contre la session de terres pour l'exploitation pétrolière en Amazonie. Les présentateurs TV ont fait une remarque particulièrement raciste, comparant les vêtements traditionnels Sápara de Gloria Ushigua à un costume de clown. Cette campagne de diffamation a duré plus de deux semaines. Au cours du même mois, la défenseuse a été informée des charges portées contre elle, à savoir terrorisme, sabotage et entrave publique, bien qu'elle soit restée pacifique pendant la marche. Elle a été convoquée pour faire une déposition à propos de la manifestation et a de nouveau été citée à comparaitre en janvier 2014. À ce jour, les accusations portées contre la défenseuse n'ont pas été abandonnées, ce qui la contraint à s'exposer à d'importants frais d'avocats et cela représente clairement un cas d'acharnement judiciaire.

En octobre 2015, la défenseuse et d'autres défenseuses des droits humains autochtones d'Équateur ont témoigné de la situation de leurs communautés lors d'une audience à l'occasion de la 156e session de la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH). Son témoignage et ceux des autres défenseuses ont révélé une tendance incessante de persécution contre les populations autochtones d'Amazonie équatorienne, liée à leurs actions visant à préserver leurs terres ancestrales, leurs langues et leur culture. Cette persécution enfreint la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, soutenue par l'Équateur devant l'Assemblée générale de l'ONU le 13 septembre 2007.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la sécurité de Gloria Ushigua en particulier compte tenu des actes ciblant sa famille et l'aggravation du niveau de violence à son encontre. Front Line Defenders est également préoccupée par les récentes persécutions et par l'aggravation des actes d'intimidation contre les défenseur-ses des droits des populations autochtones et de l'environnement, notamment ceux et celles qui participent à des manifestations pacifiques en Équateur.

Front Line Defenders exhorte les autorités équatoriennes à:

1. Cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre Gloria Ushigua et sa famille, et prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir leur intégrité et leur sécurité physiques et psychologiques;

2. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur le meurtre d'Anacleta Dahua Cují le 2 mai 2016, et sur l'assaut policier du 19 août 2015 au domicile de Gloria Ushigua, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

3. Abandonner immédiatement toutes les charges portées contre Gloria Ushigua, car il semble que cela soit uniquement lié à son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains;

4. Prendre des mesures pour garantir que les membres du gouvernement ou les autres personnalités publiques s'abstiennent de faire des déclarations ou de stigmatiser le travail des défenseur-ses des droits des population autochtones tels que Gloria Ushigua;

5. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Équateur puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.