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27 Avril 2016

Égypte: Vague d'arrestations arbitraires contre plusieurs défenseur-ses des droits humains

Lors de la vague d'arrestation de plus de 300 personnes au cours des derniers jours au Caire, à Alexandrie et dans d'autres gouvernorats, les forces égyptiennes de sécurité ont arrêté plusieurs défenseurs des droits humains et les ont transférés dans différents postes de police. Cela fait suite à un récent appel à manifester nommé l'Égypte n'est pas à vendre, lancé le 25 avril 2016 contre la politique du Président Al Sissi, et contre les exactions et les crimes perpétrés par les forces de sécurité, ainsi que le transfert de deux iles de la Mer Rouge à l'Arabie Saoudite.

Les défenseurs des droits humains, notamment Ahmed Abdullah, Malek AdlyAmr Badr et Maysara Abdoun sont pris pour cible et doivent faire face à différentes formes d'acharnement judiciaire: arrestations et détentions arbitraires, mandats d'arrêt et accusations d'"appel à manifester pour renverser le régime, distribution de tracts pour manifester, affiliation à une organisation interdite, et promotion de fausses informations".

Ahmed Abdullah est défenseur des droits humains, fondateur et directeur du conseil de l'Egyptian Commission for Rights and Freedoms (ECRF), une organisation qui œuvre pour la démocratie, la liberté de religion et les droits des minorités en Égypte, ainsi que pour la diffusion des valeurs des droits humains par le biais de documentations, campagnes et support juridique.

Malek Adly est un avocat en droits humains et directeur de Lawyers Network au sein de l'Egyptian Centre for Economic and Social Rights (ECESR), qui promeut et mobilise les mouvements sociaux pour sensibiliser à la culture des droits humains. Il est l'un des fondateurs du Front de défense des manifestants égyptiens, un groupe composé de 34 organisations de défense des droits humains et de plusieurs avocats qui documentent les pratiques illégales perpétrées par les forces de police contre les manifestants pacifiques.

Amr Badr est défenseur des droits humains et rédacteur en chef du portail d'information Yanair, destiné à répertorier les violations des droits humains en Égypte.

Maysara Abdoun est un défenseur des droits humains nubien, qui défend activement les droits de la minorité nubienne dans le gouvernorat d'Aswan. Il coordonne les formations au Border Center for Support & Consulting (BSC), une organisation dirigée par un groupe de jeunes ayant de l'expérience dans le domaine du développement communautaire et des droits humains.

Les arrestations arbitraires et les perquisitions contre les défenseurs des droits humains ont commencé le 21 avril 2016, ce qui coïncide avec la journée de libération du Sinaï. Cela fait suite a un appel à manifester le 25 avril 2016, contre un récent accord sur les frontières maritimes entre l'Égypte et l'Arabie Saoudite, qui prévoit le transfert de deux iles de la Mer Rouge au royaume Saoudien. L'actuelle campagne de diffamation, ainsi que les arrestations massives de militants de la société civile et politique et de journalistes, n'est que la suite des actes de harcèlement et des menaces auxquels font face les défenseur-ses des droits humains qui soutiennent et apportent une aide juridique aux manifestants.

Le défenseur des droits humains Ahmed Abdullah a été arrêté chez lui par les forces de sécurité. Les officiers armés ont saisi son ordinateur portable et son téléphone portable. Il a été transféré au premier poste de police de Nasr au Caire, suite à un mandat d'arrêt lancé contre lui par le parquet de l'est du Caire. Il est actuellement détenu depuis 15 jours le temps de l'enquête, et il est sous le coup de 10 chefs d'accusation, notamment possession de tracts appelant à renverser le régime et à changer la constitution, et promotion d'actes de terrorisme par des moyens indirects et sur internet.

Les autorités égyptiennes ont lancé un mandat d'arrêt contre l'avocat Malek Adly et le journaliste Amr Badr, tous deux accusés d'avoir fait la promotion de fausses informations. Le 26 avril 2016, la police égyptienne a arrêté Maysara Abdoun sur la place Al-Mahatta à Aswan, et l'a transféré au poste de police d'Aswan, où il est détenu depuis 15 jours, le temps de l'enquête. Il est accusé d'avoir tenté de renverser le régime au pouvoir. Outre les DDH susmentionnés, plusieurs militants ont été pris pour cible par les forces de police, notamment la défenseuse Sanaa Seif, citée à comparaître devant le parquet du sud du Caire le 27 avril 2016; elle est accusée d'avoir voulu renverser le régime et d'avoir distribué des tracts appelant à manifester. La défenseuse a également été accusée d'avoir insulté un membre du système judiciaire et une nouvelle enquête a été ouverte. Elle a été libérée de prison en septembre 2015.

Malek Adly a déjà été pris pour cible et cité à comparaitre par la cour d'appel du Caire en avril 2015, après une manifestation contre la torture au Caire,à laquelle il n'avait pas participé. En janvier 2016, la police avait menacé d'arrêter Ahmed Abdullah lors de la perquisition d'un café dans le gouvernorat de Gizeh, et avait interrogé le personnel à son sujet.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la récente vague d'arrestations et de détentions des défenseur-ses des droits humains en Égypte, et exhorte les autorités égyptiennes à les libérer immédiatement.

Front Line Defenders exhorte les autorités égyptiennes à:

1. Mettre fin aux arrestations de masse des défenseur-ses des droits humains en Égypte, et libérer immédiatement ceux qui sont détenus.

2. Abandonner les charges qui pèsent contre les défenseur-ses des droits humains Ahmed Abdullah, Malek Adly, Amr Badr, Sanaa Seif et Maysara Abdoun ;

3. Cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre les défenseur-ses des droits humains en Égypte, car Front Line Defenders pense que leurs droits sont limités à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains.

4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Égypte puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.